Par Vincent Gibelin pour l’Anticapitaliste hebdo numéro 668 du 29 juin 2023
Éditions Pontcerq, 2023, 60 pages, 0 euro.
Après un précédent opus édité par Pontcerq1 traitant de la pédagogie par compétences, l’éditeur-auteur-agitateur revient à la charge, sous la forme, cette fois, d’un pavé dans la mare des sciences de l’éducation2.
À la base, il s’agit du tour de passe-passe des tenants de la pédagogie par compétences, qui font jouer les universitaires des sciences de l’éducation — monsieur Rey ici en pointe avancée — pour mystifier les différentEs actrices et acteurs du système scolaire, à commencer par les enseignantEs. La ficelle — plus c’est gros plus ça passe ! — c’est de substituer à la « compétence », bien connue des milieux libéraux (la mauvaise compétence, donc), une compétence vertueuse, d’essence pédagogique cette fois, qui n’aurait de commun avec l’autre, la mauvaise, que le nom. Il s’agirait simplement de polysémie, que monsieur Rey nous révèle, via une démonstration implacable. Il se montre aussi radicalement critique de la mauvaise compétence — la libérale — que promoteur de la bonne compétence — la pédagogique.
Légitimé par la science, fût-elle science de l’éducation — ici bien proche de l’inspection générale ! —notre bon monsieur Rey est celui par qui doit passer la pilule, faisant admettre au sein d’un corps enseignant sceptique, voire critique, un nouvel objet politique — la pédagogie par compétences — en masquant sa qualité intrinsèque de cheval de Troie libéral.
Le propos de Pontcerq se construit en référence à la controverse ayant opposé Pascal à un certain Escobar, jésuite de Valladolid friand en son temps de l’usage, employé à l’envi par nos « scientifiques », de l’autojustification : citation des travaux de ses proches, voire autocitation — très en vogue dans ces milieux !
La vigueur de la critique, qui se proclame volontiers pamphlet, espère enclencher une prise de conscience, la mise en mouvement d’une opposition au rouleau compresseur libéral incarné par la pédagogie par compétences. Se plaçant sur le terrain de la controverse, Pontcerq veut provoquer le débat. Alors il faudrait bien que les tenants de la pédagogie par compétences acceptent la discussion et abandonnent, pour cela, leur posture et leurs arguments d’autorité.