Les candidatEs du PCF et de La France insoumise s’en sortent, plutôt bien en réussissant à avoir 27 députéEs.
Nous sommes loin de la majorité annoncée et espérée (?) il y a quelques semaines, mais les résultats de dimanche soir redonnent le sourire à La France insoumise. En effet, contre toute attente, 17 députéEs du mouvement vont entrer à l’Assemblée nationale. Et cerise sur le gâteau, La France insoumise n’a besoin de personne – et surtout pas des communistes – pour constituer un groupe parlementaire.... et les moyens qui vont avec. De quoi vraiment réjouir Mélenchon qui avait dû revoir à la baisse ses ambitions.
Certains de ces nouveaux députés, comme Alexis Corbière, Stéphane Peu, Bastien Lachaud ou Danièle Obono, s’emparent de sièges détenus alors par des « éléphants » du Parti socialiste. C’est sans aucun doute en Seine-Saint-Denis (93) que La France insoumise s’installe le plus solidement, avec cinq députéEs dont Éric Coquerel et Clémentine Autain. Au final, la FI parvient ainsi à concrétiser son implantation, cela sans oublier un succès symbolique, celui de François Ruffin qui l’emporte dans la première circonscription de la Somme, à Amiens, la propre ville de Macron, et celui de Mélenchon lui-même qui a réussi son parachutage à Marseille, en étant largement élu.
C’est sans doute l’une des grosses surprises de ce second tour, le PCF fait quasiment carton plein : il a 10 éluEs sur les 12 qui se présentaient officiellement sous son étiquette, améliorant ainsi son nombre d’éluEs par rapport à 2012.
Il sauve ainsi les meubles notamment dans plusieurs de ses bastions et a même réussi à reprendre des circonscriptions historiques, notamment dans le Nord et en Seine-Maritime. En région parisienne, le Parti communiste remporte la 1re circonscription des Hauts-de-Seine, un bastion communiste historique perdu en 2012. De même, Stéphane Peu, membre du PCF mais présenté sous étiquette FI, s’est imposé dans la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis, bastion historique du Parti communiste ravi en 2012 par Mathieu Hanotin (PS) qui a été éliminé au premier tour.
Malgré tout cela, le PCF, contrairement à La France insoumise, n’est pas en capacité de constituer seul son propre groupe parlementaire, sauf à s’allier comme en 2012 avec des députés ultramarins... ou avec celles et ceux de La France insoumise.
Dès dimanche soir, Mélenchon a posé les bases d’une future recomposition à gauche, dont il espère bien devenir le nouveau centre de gravité. Le futur groupe parlementaire France insoumise sera « discipliné, offensif », a-t-il promis, tout en ouvrant la porte à « tous ceux qui veulent le rejoindre » : les communistes, les écologistes et mêmes certains socialistes que Mélenchon veut toujours dynamiter. Mais à la condition d’une discipline de vote et du respect du programme… Des exigences qui avaient bloqué l’unité du PCF et de FI avant les législatives. Et à cette heure, ni La France insoumise ni le PCF n’ont annoncé qu’ils siégeraient ensemble.
Pierre Laurent s’est félicité des résultats de son parti, avant d’éluder quant à la perspective d’un groupe commun : « On va regarder l’ensemble des résultats, regarder tout ça calmement demain matin et puis on va décider ». Et concernant la discipline de groupe, une voix discordante vient déjà de se faire entendre, celle de François Ruffin qui a déclaré sur RTL : « La discipline de groupe, ce n’est pas pour moi, mais on n’a pas besoin de discipline quand on est d’accord sur l’essentiel... » C’est donc loin d’être gagné, même si Marie-George Buffet ou Clémentine Autain ont déjà exprimé leur souhait de constituer un seul groupe. Mais les rancœurs et les choix stratégiques divergents des derniers mois restent dans toutes les têtes, et les négociations promettent d’être difficiles ces prochains jours.
Même si nous voyons positivement l’élection de ces députés France insoumise et PCF, ce second tour clarifie globalement les choses : ce n’est vraiment pas à l’Assemblée nationale que peut s’organiser l’opposition au macronisme. Les institutions, faites pour dégager une large assise majoritaire au pouvoir présidentiel, ont de ce point de vue bien fonctionné...
C’est bien en construisant les résistances et les mobilisations au plus près de la population, que nous allons pouvoir nous opposer aux offensives antisociales, à commencer par les reculs sociaux historiques programmés sur la question du droit du travail. Il s’agit en particulier d’articuler des initiatives « par en haut » (en s’appuyant par exemple sur des journées de mobilisation nationale) et « par en bas » (avec la constitution de collectifs locaux ).
L’urgence est donc à l’expression d’une opposition à ce gouvernement. Le NPA appelle toute la gauche sociale et politique à discuter et à se coordonner pour engager la mobilisation.
Sandra Demarcq