Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • Liban : de la colère populaire à la révolution ?

    téléchargez ci dessous une vidéo qui nous a été adressée de Beyrouth

    « A bas le règne des banques ! » était un des slogans les plus criés par les manifestants libanais qui ont pris d’assaut trois ministères dont celui de l’Intérieur et le quartier général des banques. La colère a explosé après la catastrophe qui a plongé Beyrouth dans une situation terrible, avec 300 000 sans abris, des milliers de blessés, des hôpitaux débordés. Mais la population exprimait déjà son ras-le-bol d’un pouvoir incapable et corrompu depuis des mois. La situation du Liban n’a cessé de se dégrader, avec une inflation galopante, un chômage qui a triplé depuis deux ans, atteignant plus de 30 %. A la veille de l’explosion, la moitié de la population était déjà sous le seuil de pauvreté qui s’établit entre 300 euros (pauvreté dite « absolue ») et 700 euros pour une famille, alors que les prix des produits manufacturés équivalent aux prix européens. Une situation qui rappelait celle de la Grèce et va être considérablement aggravée par ce désastre.
    Ces affrontements ont fait des centaines de blessés. Ironie du sort, au moment où Macron venait discourir sur une aide de l’Etat français, les armes utilisées par la police, en particulier les grenades lacrymogènes étaient de fabrication française. Mais cette répression sera bien impuissante à venir à bout de la colère d’une population désespérée et enragée par la corruption des politiciens et de la bourgeoisie qui vivent souvent dans un luxe insensée et ont des comptes bien garnis à l’étranger

    Le problème est de savoir sur quoi pourra déboucher cette révolte. Une des caractéristiques du Liban est sa division en communautés que savent bien exploiter les chefs de clans depuis des générations. Tour à tour alliés et rivaux, ils sont devenus experts pour diviser les classes populaires. Pourtant, les manifestations qui ont précédé la catastrophe réunissaient des membres de toutes les communautés, en particulier les jeunes. Cette unité va-t-elle se renforcer, se donner une organisation ou se fissurer ? Il manque au Liban un parti révolutionnaire capable de réunir tous les exploités de toutes origines et religions et de leur proposer des perspectives. Les groupes qui se sont fixés cet objectif sont faibles. L’avenir dira s’ils sont capables de se renforcer à la faveur de ces événements et de dépasser leur isolement.
    Notre solidarité doit aller aux travailleurs et à la population du Liban, sous toutes les formes possibles. L’importance du rôle joué par l’impérialisme français au Liban rend cette solidarité particulièrement importante.

    L’arrogance et le cynisme de Macron

    La visite de Macron a Beyrouth a pris l’allure de celle d’un chef d’Etat à ses vassaux, comme si le Liban était encore sous protectorat français. Macron a fait la leçon aux politiciens libanais. En oubliant que ceux-ci ont été soutenus voire mis en place par l’Etat français, comme le fameux Raffic Hariri, homme d’affaires dont Chirac se proclamait le meilleur ami. Si le Liban est divisé en clans hostiles, l’ancienne puissance coloniale y est pour beaucoup, car elle s’est toujours appliquée à diviser pour mieux régner. Le comportement de Macron est d’autant plus odieux et ridicule qu’il se garde bien d’appliquer en France les recettes qu’il donne aux libanais, par exemple de mettre fin à la corruption ou de contrôler plus strictement la sécurité des sites dangereux.
    Les Libanais n’ont pas grand chose à attendre de l’aide de Macron qui a toutes les chances d’aboutir dans les poches des affairistes qui vont continuer à gérer le pays… si une révolution ne les chasse pas.

    Vive la lutte du peuple libanais