Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • Les Algues vertes, de Pierre Jolivet

    Par Vincent Gibelin pour l’Anticapitaliste hebdo numéro 669 du 6 juillet 2023

    Film franco-belge, 1 h 52 min, sortie le 12 juillet 2023.

    Les habituéEs de l’Anticapitaliste connaissent bien la question des algues vertes et ont pu apprécier la BD d’Inès Léraud et de Pierre Van Hove. Il leur reste à voir le film...

    Contaminée aux algues vertes

    Début juillet, grosse campagne de presse pour nous expliquer que des algues vertes, il y en a moins cette année sur les grèves bretonnes, sur fond d’explications plus ou moins convaincantes... Combien de sujets sur les plages fermées de la baie de Saint-Brieuc — barrées par des rubalises — interdites au public en raison du risque sanitaire ? L’omerta continue, la distillation d’informations tendancieuses, l’œuvre des lobbies et des « politiques » qui les suivent... Ce pourrait être la bande-annonce du film de Pierre Jolivet !

    Le film reprenant, pour l’essentiel, la BD écrite par Inès Léraud, est très complet sur le sujet et réunit touTEs les meilleurEs spécialistes du dossier, comme Morgan Large, André Ollivro et Yves-Marie Le Lay, ainsi que plusieurs des protagonistes centraux de l’histoire, la famille de Thierry Morfoisse, le ramasseur d’algues vertes décédé suite au ramassage, la famille de Jean-René Auffray, jogger décédé en plein effort sur un site très pollué par les algues vertes, le docteur Philippe, le premier à avoir alerté sur la dangerosité de l’hydrogène sulfuré...

    L’histoire interdite

    Le sous-titre de la BD n’a rien perdu de sa pertinence ! Le tournage du film a été compliqué par la mauvaise volonté des édiles locaux qui sont allés jusqu’à refuser les autorisations de tournage ! Mais en art, la contrainte est souvent ferment de créativité, et le tournage caméra à l’épaule donne au film un rythme et un ton très incisifs.

    On dit souvent que la réalité dépasse la fiction. Ce film, qui n’est pas un documentaire, le confirme, nourri de bout en bout par le caractère spontanément romanesque et dramatique de cette histoire vraie. La richesse des personnages — qui font une apparition en chair et en os à l’occasion d’une des scènes finales — apporte une réelle densité à la narration, et l’interprétation proposée par les actrices et les acteurs est très convaincante. Mention particulière à Céline Salette, incarnation brillante d’une Inès Léraud particulièrement attachante. Enfin, la Bretagne nous est donnée à voir dans ce qu’elle a de meilleur, très loin de la carte postale : rustique, froide et grise, mais baignée d’une lumière intense, au point que l’on hurlerait volontiers à l’adresse de l’agro-industrie : « Arrêtez donc de saloper cette région magnifique ! »