A Rennes, les militant-e-s de l’association « UnToitc’estUnDroit » viennent d’ouvrir un nouveau squat qui accueille plusieurs dizaines de migrant-e-s, dont la moitié sont des enfants, enfin logé-e-s de façon décente ! Nous avons rencontré Joëlle, militante de UTUD.
(Pendant l’entretien, des personnes solidaires passent pour apporter qui de la vaisselle, qui une couette...)
En quelques mots, peux-tu présenter l’association ?
UTUD est une asso loi 1901, créée en 2012 par des militant-e-s issu-e-s du DAL. Notre objectif est de faire pression sur les autorités pour imposer l’application des lois sur le logement notamment sur la réquisition. Et puis aussi, lorsque cela ne suffit pas, nous mettons les personnes à l’abri, comme nous le faisons ici depuis le 14 juin. Parfois, les squats font l’objet d’une convention, avec des mairies, comme à Betton, à Chartres de Bretagne, avec des propriétaires privés, et même avec une agence immobilière !
Une nouvelle réquisition…
Ici, nous avons récupéré un local vide depuis deux ans, ancienne maison de retraite dont personne ne fait rien, parfaitement équipée pour accueillir des habitant-e-s qui bénéficient de studios ou de chambres individuelles ouvrant toutes sur le jardin ! Ces gens viennent du monde entier, du Congo, des Comores, de Mongolie, de Tchétchénie, du Kosovo, de Géorgie, d’Albanie, etc. Illes sont en France depuis plusieurs mois ou plusieurs années. La plupart sont des sans-papiers, mais certain-e-s sont en demande d’asile et devraient être logé-e-s par l’état comme le précise la loi. Avant l’ouverture du squat, toutes ces personnes étaient en foyer d’urgence (le 115), ou à l’hôtel, avec l’impossibilité d’y séjourner dans la journée, et même à la rue en ce qui concerne de nombreux célibataires.
...qui va durer ?
Le propriétaire, un promoteur immobiliser, a demandé au tribunal d’ordonner l’expulsion, mais cela sera jugé en septembre. Le tribunal peut alors refuser un jugement en référé (en urgence), car le propriétaire n’a encore fait valoir aucun projet précis, il n’a encore fait aucune demande de permis de détruire et de construire. Nous espérons donc faire la jonction avec la trêve hivernale, ce qui nous permettrait de maintenir toutes ces personnes à l’abri jusqu’au mois de mars !
Comment s’organise la vie du squat ?
Le squat est géré par un conseil de squat qui regroupe les habitant-e-s en AG toutes les deux semaines. L’association y tient une permanence quotidienne afin de gérer les problèmes d’intendance, l’accompagnement pour les démarches de régularisation. Les contacts avec le quartier sont bons : les voisin-e-s sont plus inquiet-te-s des projets du promoteur que de la présence des migrant-e-s. De nombreux-ses volontaires ont fait des propositions d’animation – théâtre, danse, etc. - qui devraient se mettre en place à la faveur des vacances scolaires. La soirée organisée pour fêter l’ouverture du squat a été un moment fort de solidarité."
Propos recueillis par Vincent