Le PLFSS-Projet de loi de financement de la sécurité sociale, voté en 1ère lecture par la quasi totalité du PS (6 abstentions des ’’frondeurs’’) à l’Assemblée nationale programme une énième couche d’austérité avec 3,5 milliards de moins pour le budget de la santé. Il confirme la loi santé dans sa marche forcée vers l’ambulatoire pour supprimer 22.000 postes et des lits d’hospitalisation. Initiée par la loi Hôpital Patients Santé Territoire de 2008, la loi Touraine poursuit, dans le sillage de ses prédécesseurs, en imposant le regroupement d’hôpitaux en 135 Groupes Hospitaliers de territoire-GHT se substituant aux 850 établissements, mettant à mal les capacités du service public de santé à répondre aux besoins de la population. Accentués, les déserts médicaux atteignent les métropoles. Hôpitaux, maternités et centres de Sécurité sociale ferment. La France n’est plus le pays qui fournit les meilleurs soins de santé généraux du monde et se retrouve même en 11ème position en Europe. Nous allons vers une crise sanitaire…
La loi Travail exclut le compte pénibilité pour la fonction publique hospitalière alors que tous les voyants sont au rouge. Les 35 heures n’ont jamais été une réalité, les salaires sont bas, le travail les jours fériés ou de nuit est sous-payé. L’absence de reconnaissance et l’intensification de l’activité sont à l’origine de souffrances physiques et psychiques. Burn-out, suicides, addictions et toutes les pathologies liées au dérèglement de l’horloge biologique, par les horaires atypiques, explosent. Pour exemple, le taux de fausses-couches est le plus élevé dans la profession soignante, unE aide-soignantE sur 3 part en invalidité avant l’âge de la retraite dont la date s’est encore éloignée, une infirmière retraitée sur 4 est en invalidité et l’espérance de vie d’une infirmière qui y consacre toute sa carrière professionnelle est inférieure de 7 ans à la moyenne des femmes de ce pays. Une nouvelle diplômée sur 2 arrête d’exercer ce métier dans les 5 ans qui suivent. Il ne s’agit plus de soigner mais de produire des actes de soins tarifés à l’aune du lean-management qui exclue tout temps relationnel. Les autres corps de métiers tels que les médico-techiques, personnels ouvriers et administratifs ont également leur lot de fatigue, de pénibilité, lombalgies et accidents de travail.
Les luttes au sein des hôpitaux n’ont jamais cessé mais restent limitées à un service, une équipe, un hôpital. Victorieuses parfois mais trop isolées ne pouvant relancer la Convergence qui réussit à mobiliser plus de 80 établissements devant le ministère en 2014. A Paris, les personnels du plus grand CHU de France sont encore sous le coup de la défaite paraphée par la CFDT qui a signé le protocole de la direction générale en 2015. Reste que le succès de la psychiatrie à ne pas intégrer les GHT imposés fut une petite embellie au printemps 2016.
Revenues de leurs illusions nourries par les promesses de Valls, les associations corporatistes absentes de toutes les mobilisations interprofessionnelles de défense de l’hôpital public, se réveillent aujourd’hui pour descendre dans la rue, en utilisant l’appel de l’intersyndicale nationale CGT-FO-SUD
Il faut dire que les 5 suicides d’infirmier-es hospitaliers qui ont malheureusement eu lieu cet été, ont fait prendre conscience aux professionnels qu’il faut se protéger et savoir dire non avant d’arriver au mal-être extrême.
A Paris, le 8 novembre, les syndicats CGT, FO et SUD de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) appelaient à un rassemblement sur le parvis de la gare Montparnasse. C’est à cet endroit que se sont retrouvés, venus de plusieurs villes de provinces des associations professionnelles regroupant infirmiers des blocs opératoires et infirmiers anesthésistes, cadres infirmiers, et étudiants infirmiers et aides soignants ,puéricultrices et infirmières libérales. L’intersyndicale AP-HP s’est rassemblée à une centaine de mètres et est parti en manifestation en direction du ministère sans attendre les « catégoriels ». Ceux-ci ont formé un cortège trois fois plus nombreux et bien plus dynamique que celui de l’intersyndicale. En province il y a eu de grosses manifestations et d’autres d’importance.
A Bordeaux venus de deux hôpitaux, 1000 manifestants se sont retrouvés devant l’ARS.
A Toulouse ils étaient 3000 à 5000 dans la rue et 3000 à Marseille venus du public et du privé.
A Grenoble après être entrés dans l’ARS, 300 infirmières ont imposé une manif qui n’était pas prévue .
A Montpellier le pique nique de 200 personnes au CHU est parti en direction de l’ARS rejoindre d’autres établissements.
En Dordogne 150 personnes ont manifesté à Périgueux. Les nombreux grévistes à Sarlat ont été systématiquement assignés en raison des flux tendus pour les effectifs. A Besançon, ils étauent 200 dans la rue. E
En Bretagne la manifestation était relativement importante à Quimper (300) Et d’autres manifestation avaient lieu à Brest et Morlaix.
Les 600 manifestants d’Angers venus des hôpitaux et Ehpad etaient très dynamiques comme dans beaucoup d’autres villes.
En Ille et Vilaine, le mouvement grève et de débrayage a été suivi notamment à Saint-Malo, Fougères, Vitré et à Rennes où une manifestation a réuni plusieurs centaines d’hospitaliers de la place de la mairie à l’ancienne préfecture.
La suite de la mobilisation ne doit pas tarder….
De nos correspondantEs