Après le 1er tour de l’élection présidentielle en France, les dirigeants du groupe nazi grec Aube Dorée (Chryssi Avgi) ne cachent pas leur joie : malgré quelques divergences avec M. Le Pen, ils saluent « la grande victoire des idées nationales en France, et nous souhaitons fermement une conclusion triomphale au 2ème tour de l’élection présidentielle », annonciatrice selon eux de leur prochaine victoire en Grèce.
Et ils poursuivent : « Ce résultat constitue le plus fort des messages sur le réveil national des peuples d’Europe face au Nouvel Ordre mondialisé et aux usuriers internationaux ». Cette dernière expression renvoie évidemment pour qui connaît le discours raciste d’Aube Dorée à l’image rance et antisémite de l’extrême droite, associant juifs et opérations financières…
Certes, les dirigeants nazis grecs trouvent que le F-Haine a évolué vers des positions plutôt patriotiques (sic !) que strictement nationalistes comme celles d’Aube Dorée, et ils le regrettent, en soulignant que le parti sous le père Le Pen était clairement nationaliste, avec un Chef (avec une majuscule dans la déclaration !) qui se prononçait dès que l’occasion s’en présentait en faveur du parti grec… (ce qui est d’ailleurs inexact, le F-Haine a toujours soutenu différents groupuscules !). Cependant, ils ne cachent pas leur joie devant les perspectives qui s’ouvrent, et ils pensent déjà au succès que les élections législatives françaises offriront au F-Haine et par là-même à ses acolytes européens.
Même si les analyses de la campagne du F-Haine faites cette semaine par Aube Dorée sont sommaires et truffées d’erreurs ou de mensonges (« une grande partie des électeurs de Mélenchon semble se tourner vers le vote pour Le Pen au 2ème tour » !), le ton est clair : on assiste pour les nazis grecs à un mouvement de fond pour que les couches populaires se regroupent autour de l’idée de Patrie (avec un P majuscule...) contre les élites mondialisées. Mais on peut deviner un reproche latent : aux yeux d’Aube Dorée, M. Le Pen semble ne pas être assez offensive dans l’objectif de dissoudre cette « élite », peut-être parce qu’elle en est membre en tant que millionnaire fort bien intégrée au fameux « système » ?! Reproche de Tartuffe, puisque le caudillo d’Aube Dorée, Michaloliakos, est aussi parmi les plus riches des députés, notamment pour avoir trempé dans la gestion d’un hôtel de passes...
Quoi qu’il en soit, il est décisif de faire connaître en France ce soutien à la candidate « dédiabolisée » de l’organisation nazie grecque, dont les crimes contre les travailleurs continuent d’ailleurs, même si ses dirigeants sont actuellement jugés pour de nombreuses agressions, dont le meurtre du rappeur antifasciste Fyssas. Ces quinze derniers jours, au moins 4 travailleurs pakistanais d’une banlieue d’Athènes ont été attaqués, quand ils se trouvaient seuls, par des bandes qui certes n’osent plus porter ouvertement les sinistres casquettes de Aube Dorée, mais dont les méthodes sont signées. Dans ce lieu, une quarantaine de Pakistanais ont été ainsi attaqués depuis l’été, dans l’indifférence de la police et des autorités municipales. Par ailleurs, un jeune antifasciste a été récemment sérieusement blessé par un groupe d’Aube Dorée, auquel participait un des lieutenants du führer grec.
Que ce soit en Grèce ou en France, sous des formes en apparence différentes, le danger raciste et fasciste est le même, et ici, même si personne dans le mouvement ouvrier ne fait bien sûr un seul instant confiance à Macron, candidat des banques et de l’Union européenne, on se souvient aussi de la chape de plomb qui s’est abattue sur la Grèce le 21 avril 1967, avec l’arrivée de l’extrême droite militaire, certes pas par les urnes, mais qui a pu terroriser les jeunes et les travailleurs pendant sept ans.
D’Athènes, A. Sartzekis