La Fonderie de Bretagne (FdB), c’est l’ancienne SBFM, à Caudan, près de Lorient, qui a mené une lutte très dure en 2008-2009, laquelle s’était terminée par la victoire, à savoir l’intégration dans le groupe Renault, son unique donneur d’ordre. Aujourd’hui, c’est la grève illimitée...
Lundi 3 mai, 14h, c’est l’heure de l’assemblée générale des grévistes de la FdB. Maël Le Goff, de la CGT, donne les dernières informations aux grévistes. Les premiers effets de la grève : la ligne de la Zoé, au Mans, est fermée car il manque des pièces de la FdB : « On les bloque, c’est un caillou dans la chaussure ». La direction : ce matin le RH a appelé Maël et lui a dit qu’il n’avait plus de mandat pour parler avec lui. La direction de la FdB n’a plus la main... Et du côté de la nomination d’un médiateur, rien. La grève s’installe donc pour une deuxième semaine, et le mardi 4, les grévistes se rendaient à la préfecture de Vannes pour se faire entendre.
La grève a commencé mardi 27 avril après la visioconférence de la veille, au cours de laquelle la ministre du Travail a annoncé un plan de 50 millions d’euros pour les fonderies (Fonderie du Poitou, de Saint-Claude (Jura), SAM de Rodez et FdB de Caudan). C’est pour un plan de reclassement, l’aveu que Renault organise son départ et que celui-ci signifiera la liquidation de la boîte. La recherche d’un repreneur est volontaire, il n’y a pas de contrainte judiciaire... Dans le local syndical, les animateurs du syndicat expliquent que Renault veut bel et bien se débarrasser de la FdB... alors qu’ici sont fabriquées des pièces indispensables à l’industrie automobile, aux usines Renault, des pièces de châssis, des boîtiers différentiels, des bras de suspension. Le groupe Renault veut simplement pouvoir aller les produire ailleurs !
Alors les grévistes exigent que la FdB reste au sein du groupe Renault, et surtout que le groupe s’engage sur les volumes de commandes. Pour l’instant, Renault s’engage pour 19 000 tonnes là où il en faudrait 30 000 pour que vive la FdB, et en plus le groupe prévoit de baisser graduellement la commande sur quatre ans pour arriver à 10 000 t. Si repreneur il y avait, où irait-il trouver les 20 000 tonnes manquantes ? La prochaine échéance, c’est le 10 mai : à partir du CSE, les repreneurs pourront se faire connaître... Alors, pas le choix, il faut se battre, et les travailleurEs de Caudan sont prêts à tenir.
Les grévistes de la FdB ont ouvert le traditionnel défilé du 1er mai à Hennebont, devant 2000 personnes. Puis, ils ont participé à une table ronde avec les élus, sans illusions... Ils racontent les nombreux messages de soutien, le passage de beaucoup de monde au piquet de grève, l’importance de la solidarité financière. « On a même reçu, dimanche, une délégation de Brest qui a fait une collecte le 1er mai, avec un de vos camarades du NPA »... Conclusion du jour à Pierre Le Ménahès, longtemps responsable de la CGT à la SBFM, retraité mais très présent sur le site : pour gagner, il va falloir cesser de compter sur les élus, et maintenant que la direction est hors jeu viser directement le donneur d’ordre ! On est dans le flou, sans aucune réponse aux revendications, et on ne fera pas l’économie d’une grève active. Multiplier les actions, faire parler de nous, gagner l’opinion, organiser la résistance au dehors de l’usine…