Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) L’anticapitaliste - Ille et Vilaine (35)
  • CONFINEMENT : PAROLES DE TRAVAILLEURS/EUSES - 12 -

    Aujourd’hui, le témoignage de C., militante syndicale, infirmière à l’unité sanitaire du centre pénitentiaire de Vézin.

    Cécile, en quelques mots…
    Je suis infirmière depuis 15 ans. J’ai longtemps travaillé au CHU, et là je suis passée à l’unité sanitaire du CHU implantée dans le centre pénitentiaire de Vézin. Nous sommes une petite dizaine d’infirmières dans la structure ainsi que d’autres personnels, aide soignante, ASH, médecin, dentiste. J’interviens également ponctuellement au CRA (Centre de Rétention Administrative), mais il est fermé depuis plusieurs semaines.

    Toi aussi, tu es une héroïne ?
    Non, bien sûr, je ne suis pas une héroïne… En fait, on a continué comme d’habitude, avec les contraintes liées au COVID, mais on n’a pas vraiment changé notre façon de travailler. Une grosse partie de l’activité est à l’arrêt, comme à l’hôpital, et beaucoup d’examens sont restés en stand by… La demande de soins a donc baissé, il y a eu comme une auto-limitation, tout comme dans la population générale, ce qui d’ailleurs peut poser problème plus tard avec la prise en charge des pathologies chroniques qui auront été mises de côté.
    Non, héroïne sûrement pas, les applaudissements, ça m’agace. Nous, ça fait des années qu’on alerte à longueur de temps dans les hôpitaux, et on se rend compte qu’on est pas prêt ! On est à flux tendu tout le temps...

    La crise sanitaire a eu quel impact sur l’équipe ?
    Sur notre équipe, assez peu, on a juste une infirmière qui est partie en réa. On avait la possibilité de mettre nos enfants à l’école, mais beaucoup se sont débrouillées autrement, chez le papa, dans la famille. Là, on n’aura pas le choix, avec le déconfinement, mais l’école c’est super anxiogène, on voit pas bien comment ça va pouvoir se mettre en place de façon sécurisée pour nos enfants et les professionnel.les scolaires et périscolaires.
    Sinon, moi j’ai été malade, probablement du COVID, j’ai été arrêtée, mais même pour moi ça n’a pas été possible de me faire tester ! Impossible par le CHU (!), impossible par la médecine du travail ! La gestion des tests est une vraie calamité !

    Et avec la hiérarchie, l’administration ?
    On n’a pas eu de problèmes, non, mais nous sommes dans une situation particulière. Une cadre du CHU fait le lien. En fait, on a eu les mêmes problèmes que tou.tes les soignant.es, que tous les travailleur.euses, au début des masques au compte-goutte… Et là, sur la dernière livraison, on a fait « un événement indésirable », c’est la procédure qui nous sert à alerter le CHU, car les masques sont irritants, sentent mauvais, ils grattent… et on les porte 8 heures par jour !
    Sinon, pour les détenus, ça a été dur parce que il n’y a plus de parloirs, plus d’activités, plus d’école - il y a d’ailleurs eu un mouvement de contestation de certains détenus au début du confinement suite à cet arrêt des parloirs -, mais ils ont bien admis les précautions à prendre et tout le monde s’est plié aux règles sanitaires. La réouverture des parloirs va surtout imposer des règles aux visiteur.euses, le port du masque, la distance… mais il n’y aura pas de tests mis en place a priori.

    Vos revendications ?
    On a des discussions houleuses, mais on ce qu’on demande, dans l’ensemble, c’est pas des primes… ce qu’on veut c’est surtout des moyens pour fonctionner toute l’année, et être prêt.es en cas de crise. Plus de lits d’hospitalisation, plus de personnel.

    Et après, comment tu vois les choses ?
    Pour le « jour d’après »… je crains le retour au « comme avant », surtout au niveau des inégalités, de la précarité. J’ai peur d’une forme de déni… J’ai bien l’espoir, quand même, d’un sursaut pour l’hôpital, pour l’école, le social… pour les choses indispensables, et d’une prise de conscience sur nos modes de consommation.
    Et puis j’ai peur du contrôle social : habituer les gens aux attestations, aux manifs interdites, tout ça légitimé par le COVID… ça risque d’être un problème pour les luttes à venir, ça l’est déjà, en fait.

    Mais vraiment, je crois, ce qu’il faudra, c’est une prise de conscience, sur la précarité, sur l’écologie, il faut se préparer !