Retrouvez l’appel des blessés du mouvement contre la loi Travail à Rennes ici : http://www.anticapitaliste-35.org/Appel-des-blesses-du-mouvement.html
9 manifestants passaient en procès hier : 7 concernant la manif du 31 Mars et 2 concernant celle du 9 avril (d’autres camarades dont des mineurs sont toujours inquiétés). Ils-elles ont été soutenus par un rassemblement devant la Cité judiciaire qui, de 13h jusqu’à 1h du matin a réuni plusieurs centaines de personnes révoltées par cette répression.
Dès le début du procès, les multiples vices de procédure ont été soulevés par les avocats. Ils concernaient majoritairement l’absence de procès verbaux de mise à disposition pour plusieurs camarades, l’absence d’information concernant les personnes ayant effectué les arrestations, des défauts d’impartialité dans le cadre d’une des enquêtes de police, le manque de multiples éléments aux dossiers, de mauvaises conditions de détention, des blessures sur les camarades constatées par des médecins... De plus, alors que les avocats avaient fait parvenir leurs éléments au procureur, ce dernier ne leur avait pas fait parvenir l’ensemble des dossiers. Pour toutes ces raisons, les avocats ont demandé, pour plusieurs des inculpés, la nullité de la garde à vue et de toute la procédure. Il n’en n’a rien été, le procureur a demandé le rejet des nullités en argumentant sur le soit disant coté "véridique" et "non erroné" des PV qui pour autant ne correspondaient en rien à la procédure à suivre. Les conditions d’arrestations et de détention inacceptables ont été balayées par le juge, renvoyant à l’argumentaire de la partie civile policière estimant que les mauvaises conditions de détention étaient "regrettables" mais que, compte tenu du grand nombre d’interpellation ce jour-là, les policiers ne pouvaient pas être partout (ce qui a valu à un camarade d’être atteint dans sa dignité en lui interdisant l’accès aux toilettes).
Après avoir refusé les vices de procédures, le juge a présenté la manifestation du 31 - du point de vue des forces de police bien entendu - comme très violente et très agressive, puis a retracé la version policière des interpellations qui ont eu lieu en 5 fois. Les accusés sont ensuite passés à la barre : tout au long du procès leur parcours personnel a été jugé et ponctué de réflexions déplacées de la part du juge, les camarades ont dû non seulement se justifier sur des éléments qui étaient de leur droit (pourquoi ils sont restés à la manifestation, pourquoi ils ont gardé le silence pendant la garde à vue...) mais ont également dû donner leur avis personnel sur les manifestations qui "dégénéraient" et sur les camarades qui jetaient des projectiles. Les deux camarades ayant refusé le fichage ADN (ou prélèvement biologique) ont également dû justifier de cette décision. Les camarades ont aussi dû justifier de la présence d’objets sur eux qui ont été considérés comme des preuves à charge : lunettes de piscine ou masques de plongée, écharpes, sérum physiologique, vinaigre, gants, masque anti-poussière... La diversité des manifestant-e-s, syndicalistes, précaires, étudiant-e-s, salariés montrent que c’est bien l’ensemble de la manifestation qui était visé et que les charges requises contre eux-elles ont été décidées après leur arrestation. Leur seul faute a été de tomber lors de charge violente policière ou d’être arrêté arbitrairement en fin de manifestation.
Jean-Paul Tual, élu de la mairie de Rennes, a également témoigné contre les forces de police en argumentant sur la répression policière et le coté démesurément violent des méthodes utilisées par les forces de police. Son témoignage a été jugé comme déplacé par le président. Céline Cussac, juriste pour FO a également témoigné sur un vice de procédure concernant l’une des inculpés. Un autre camarade de Solidaire a dénoncé les charges policières répétées et rappeler l’innocence d’un de ses militants inquiété.
Sur la totalité des inculpés, seuls deux avaient un casier, et la totalité des dossiers à charge étaient vides ou mensongers. Seul le témoignage d’un policier estimant avoir vu le-la camarade jeter un projectile valait preuve alors même que les camarades clamaient leur innocence et que de nombreux témoins, vidéos contredisaient la version policière. Pour le camarade relaxé a l’issue du procès, les policiers étaient incapables de définir s’il s’agissait véritablement de lui. Dans tous les dossiers, aucune victime, on parle de soit disant jet de projectile qui n’ont touché personne. Pour avoir taper au pied dans une cartouche de grenade lacrymogène, un autre camarade est condamné...
Finalement, pour les camarades du 31 Mars, le procureur a demandé des peines de TIG, de plusieurs mois de prison ferme et de sursis : jusqu’à 8 mois de prison dont 6 avec surcis. + une interdiction du centre ville de Rennes pendant 2 ans pour 6 d’entre eux, il demandait également pour l’une des camarades qui s’avérait avoir la nationalité suisse, 5 ans d’interdiction d’Ille-Et-Vilaine. Les avocats ont demandé la relaxe en raison de l’innocence de leurs clients et des multiples vices de procédure énumérés préalablement.
Après délibération pour les 9 camarades (interpellés le 31 Mars et le 9 Avril) les décisions des juges sont catastrophiques : un seul des camarades a été relaxé, 8 d’entre eux-elles ont été scandaleusement condamné-e-s. 6 camarades écopent de 210 heures de "travail d’intérêt général" et 1 de 105h, pour tous et toutes associées à 6 mois d’emprisonnement si elles ne sont pas réalisées dans les 18 mois, ainsi que des amendes (en cumulé 3500 euros d’amende). Le camarade de la CGT travaillant à PSA écope de 6 mois d’emprisonnement dont 2 mois ferme (sans mandat de dépôt) au prétexte d’avoir refusé le principe des TIG au vue de son innocence. Plusieurs camarades souhaitent faire appel de ces condamnations iniques (qui suspendra leur peine) afin que leur innocence soit reconnue.
22 avril, rassemblement de soutien aux inculpé-e-s anti-loi travail !
Le NPA appelle à soutenir les personnes inquiétées par la justice suite aux manifestations contre la loi travail à Rennes ! Rassemblement appelé par toutes les composantes de la lutte, le 22 avril à 13h devant la Cité Judiciaire de Rennes ! Ci-dessous, le communiqué de Solidaires 35.
Lors des manifestations des 31 mars et 9 avril :
près de 1000 grenades lacrymogènes lancées contre tous les manifestants et même les passants, sans distinction, pour protéger la « zone verte » du centre ville de toute intrusion de manifestants,
usage immodéré de tirs de flash ball, souvent en-dehors de règles d’utilisation, de grenades assourdissantes,
des interpellations souvent sans rapport avec un quelconque délit. Le tiers des interpellations en France le 9 avril ont eu lieu à Rennes,
des motifs d’inculpations stéréotypés qui ne prennent même pas la peine de la crédibilité ou font penser à des motifs que ne renierait pas un état totalitaire : « participation à attroupement armé » !
des informations fausses données à la presse. Par exemple : « un manifestant de 61 ans interpellé avec des billes d’acier dans la poche » (site OF du 31 mars),
des gardes à vue prolongées jusqu’à 48 heures sans rapport avec les nécessités de l’enquête,
des tabassages en règle de manifestants qui ont eu le tort de se trouver sur le chemin des forces de l’ordre,
le déni insupportable de la préfecture sur le nombre de manifestants blessés,
un discours manipulatoire de cette même préfecture, totalement déconnecté de la réalité, destiné à faire peur aux habitants de Rennes mais surtout destiné à nier la réalité et les causes du mouvement social et l’exaspération des manifestants.
Solidaires 35 appelle les autorités de l’état et la majorité politique à prendre la seule décision capable de ramener le calme : l’abandon définitif et sans délai de la loi « El Khomri ».
Solidaires 35 appelle également à un large rassemblement de soutien aux manifestants qui seront jugés le 22 avril.