Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • Près de 2.300 professionnels de santé, dont 400 chefs de service, lancent un "appel pour des états généraux de l’hôpital public".

    La fronde dans les services d’urgences prend de l’ampleur. Près de 2.300 personnels de santé viennent de fonder le Collectif Inter-Hôpitaux et lancent un "appel national pour des états généraux de l’hôpital public". "Nous, chefs de service et responsables d’unités de soins, médecins hospitaliers, internes, cadres de santé, infirmières, aides-soignantes, alertons une nouvelle fois sur l’aggravation des conditions de travail, écrivent-ils. Un point de rupture est franchi. La sécurité n’est plus assurée."

    Le 12 septembre, après l’annonce par la ministre de la Santé d’un plan pour les urgences de 750 millions d’euros courant jusqu’en 2022, ­l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et l’intersyndicale de praticiens hospitaliers APH avaient déjà rallié la fronde. Cette fois, ce sont des non-­syndiqués qui mènent la bataille pour la réouverture de lits, l’embauche de soignants et la revalorisation des salaires.

    Voici le texte de l’appel :

    "Appel pour des états généraux de l’hôpital public" Motion du Collectif Inter-Hôpitaux

    Nous, sous-signés chefs de services et responsables d’unités de soins, médecins hospitaliers, cadres de santé, infirmières, aides-soignantes, sage-femmes, kinésithérapeutes, diététiciens, psychologues , agents hospitaliers, secrétaires, assistantes sociales, etc.. alertons une nouvelle fois sur l’aggravation des conditions de travail des soignants, médecins et personnels paramédicaux, entraînant une dégradation inacceptable des conditions d’accueil des patients et de la qualité des soins.

    Un point de rupture est aujourd’hui franchi. La sécurité n’est plus assurée.

    La situation est la même sur l’ensemble du territoire, conséquence d’une politique d’austérité appliquée de façon continue depuis 10 ans aux hôpitaux publics auxquels on demande toujours plus sans moyens supplémentaires.

    Nous réclamons, en plus des plans annoncés par la ministre pour mieux organiser la médecine de proximité et améliorer la coordination entre les établissements de santé et la médecine de ville, un plan d’urgence pour l’ensemble des hôpitaux avec les mesures fortes suivantes :

    1. La réévaluation des filières de soins, nécessitant l’ouverture de lits pour l’aval des urgences et pour l’aval des soins aigus pour les patients qui ne peuvent pas poursuivre leurs soins au domicile. Il faut mettre fin au chaos actuel. L’objectif d’un taux d’occupation des lits à quasi 100% et l’assimilation d’un parcours de soins à une chaîne de production industrielle sont adaptés aux "usines à soins" mais sont incompatibles avec la mission d’accueil de tous par l’hôpital. Les soins urgents et non programmés supposent d’avoir en permanence des lits disponibles, si on ne veut plus que les patients continuent à passer des heures sur des brancards.

    2. L’embauche en nombre suffisant de personnels soignants, de travailleurs sociaux et de secrétaires, en fixant des quotas minimaux de sécurité pour chaque unité de soins, après une évaluation précise actualisée de la charge de travail.

    3. La revalorisation des salaires des personnels hospitaliers. Des mesures doivent être prises pour mettre fin à la distorsion non justifiée des revenus entre les rémunérations de ville et les salaires hospitaliers.

    4. L’instauration d’une enquête annuelle dans chaque établissement sur le bien-être au travail dont les résultats doivent être rendus publics et être suivis d’actions concrètes.

    5. La révision du mode de financement pour que chaque service dispose d’un budget annuel cogéré avec l’administration, permettant de répondre aux besoins et de s’adapter à l’évolution de l’activité et des thérapeutiques. La règle doit être le juste soin pour le patient au moindre coût pour la collectivité et non la recherche du tarif rentable pour l’établissement.

    Ce plan doit être élaboré dans chaque hôpital par l’ensemble des soignants.

    Nous demandons l’organisation d’Etats généraux hospitaliers visant à rassembler les propositions concrètes en lien avec chaque territoire et à chiffrer leur financement en plus de la programmation du financement annoncée de la Sécurité sociale et pas par simple redéploiement consistant à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

    Des économies doivent être faites grâce à la réduction des frais de gestion du système de santé (près de 16 milliards d’euros), la limitation des prix des traitements innovants et surtout l’amélioration de la pertinence des prescriptions et des actes dont plus de 20%, d’après la ministre, seraient injustifiés.

    En attendant la mise en œuvre de ces mesures urgentes pour sauver l’hôpital public, nous déciderons de suspendre nos activités non médicales et non universitaires, y compris les activités liées à la T2A, aujourd’hui décriée par la ministre, mais toujours en place.

    Nous appelons à un mouvement d’ensemble de tous les professionnels de santé, dans tous les territoires pour sauver l’hôpital public afin qu’il puisse jouer pleinement son rôle de recours sur lequel peut s’appuyer la médecine de ville.

    Nous appelons à des réunions des équipes de soin par service et par établissement pour décider des actions et solliciter le soutien des usagers, de la population et des élu-e-s."