Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • Champs libres à l’extrême droite

    Le site du collectif antifa rennais : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/

    La bibliothèque municipale à vocation régionale de Rennes Métropole fait de la publicité pour des ouvrages racistes, sexistes, homophobes….

    C’est ce que nous avons pu remarquer lors de nos visites dans cet équipement territorial. En effet, la stratégie de communication de la bibliothèque des Champs Libres nous a pour le moins mis-e-s en colère. Une énorme affiche censée faire la promotion du « respect du pluralisme politique (qui) est une condition de la démocratie » y est exposée. Or, trois des onze documents supposés illustrer le propos sont l’œuvre de personnes d’extrême droite :

    Si Mort à crédit fait partie de la littérature, il nous semble important de souligner le fait que son auteur, Céline, revendiquait être proche des Nazis. Son antisémitisme transpire dans ses écrits. Or, c’est bien le pluralisme des idées politiques qu’évoque l’affiche. C’est donc moins pour le contenu littéraire du document, mais plus pour l’antisémitisme de l’écrivain qu’il a été choisi. Présenter Mort à crédit permet de s’économiser la reproduction de Bagatelle pour un massacre, mais le message est clair.

    En revanche, Le suicide français d’Éric Zemmour n’a strictement rien d’une œuvre littéraire. Le succès du bouquin, construit par des médias, qui, avides de scandales, ne reculent pas à l’idée d’entrer dans le jeu de l’extrême droite, permettra à certain-e-s de se souvenir des propos homophobes, racistes, et sexistes qui y sont tenus. Pour les autres, nous rappelons que Zemmour y affirme que la France est menacée par une « invasion » africaine, que l’homosexualité est « anormale » et que l’une des principale raison de la décadence de notre société est sa « féminisation », entre autres.1

    Quant à Minute, il s’agit d’un journal s’affirmant de droite conservatrice et nationaliste. C’est surtout un hebdomadaire qui a été attaqué de nombreuses fois pour diffamation. Par exemple, en 2013, il fait figurer Christiane Taubira sur sa Une avec comme commentaire : « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane ».2

    D’autre part, nous ne pouvons que noter la présence de Soumission, le livre de Michel Houellebecq. Si l’écrivain ne peut être mis dans la même catégorie que les autres auteurs ou journalistes, il n’en demeure pas moins qu’il favorise et alimente le rejet et la peur des musulman-e-s et de l’Islam dans son roman.

    Nous nous interrogeons, alors : quel message la bibliothèque veut-elle faire passer à son public ?

    Celui qui affirme que tous les engagements se valent, que tout et n’importe quoi peut être dit au nom de la liberté d’expression, si bien que la diffusion des idées d’intolérance, de haine, de violence véhiculées par l’extrême droite sont des conditions de la démocratie ?

    Est-elle consciente de l’humiliation et de l’agression qu’elle fait subir aux femmes, aux personnes juives, musulmanes, racisées, homosexuelles, en exposant des écrits qui affirment qu’elles sont anormales et inférieures ?

    Se demande-t-elle comment toutes ces personnes, qui sont aussi des contribuables et participent donc au financement de la bibliothèque, prennent le fait que l’argent public, c’est-à-dire le leur, serve à valoriser des auteurs qui prônent leur exclusion de notre société ?

    Valoriser des ouvrages racistes, antisémites, islamophobes, homophobes, sexistes ne peut

    être légitimé par le simple fait de les placer au milieu d’ouvrages qui ne contiennent pas de discours d’extrême droite ou qui s’y opposent. Au contraire, ce procédé est dangereux. Il entretient une confusion des esprits qui met tous les discours sur un pied d’égalité. Le choix des documents qui se trouvent sur l’affiche résulte d’une prise de position de la part de celles et ceux qui l’ont conçue puis exposée. Il est inacceptable et choquant de mettre en vis-à-vis Minute et Le monde libertaire. Le premier fait l’apologie de toutes les formes de racisme, tandis que l’autre diffuse des analyses et des opinions politiques. On ne peut pas mettre en vis à vis Avoir vingt ans dans les Aurès et Le suicide français, parce que le premier s’oppose à la guerre et la torture alors que le deuxième développe des thèses haineuses d’exclusion. L’appel aux discriminations n’est pas une opinion, c’est un délit. La prise de position des Champs Libres participe a légitimer la violence, à normaliser l’exclusion et ouvre un boulevard sans garde-fou pour les discours haineux de l’extrême droite.

    Manifestement, nous n’avons pas la même définition de la démocratie et du vivre-ensemble.

    Parce que nous luttons pour l’égalité et la justice sociale, pour l’épanouissement collectif et personnel de tous/toutes les individu-e-s dans le respect de leurs libertés, quelles que soient leurs identités, nous exigeons que la bibliothèque des Champs Libres se débarrasse de cette affiche immonde dans les plus brefs délais.

    Signataires : Alternative Libertaire Rennes, Comité rennais de l’Association France-Palestine Solidarité, Breizhistance, Union Locale CNT de Rennes, Collectif Antifasciste Rennais, NPA 35, SLB, Solidaires Etudiant-es Rennes.